Les axes de travail
Nos axes de travail, que nous allons présenter dans ce qui suit, sont complémentaires et dépendants les uns des autres.

Nous avons déjà évoqué le travail d’information et d’orientation qui introduit la notion d’«avoir des droits» comme tout le monde: en effet, nous avons constaté que ce type de population est très souvent dans l’ignorance de ses droits. En outre, ces personnes croient ne pas mériter des droits à cause de leur consommation et/ou de leur style de vie.

Le travail sur les besoins commence par la réponse que Zone Bleue fournit à des besoins de base. En permettant la survie de cette population, ou en s’opposant à la dégradation de sa qualité de vie, la structure ouvre la possibilité de récupérer des compétences sociales et relationnelles. Le travail pour renforcer ou réactiver le pouvoir personnel dans ce contexte consiste à apprendre à reconnaître les besoins et à s’en occuper de façon responsable. Il est aussi important que la personne consommatrice puisse différencier quels sont ses besoins par rapport à des désirs passagers et qu’elle apprenne à leur donner une réponse.

Avec le positionnement nous travaillons sur la difficulté que même les personnes les plus agressives rencontrent, de défendre leur «place», notamment devant l’autorité. Le droit de demander, de ne pas être d’accord, de changer d’avis, sont au premier abord inaccessibles pour les consommateurs/trices. Très souvent ceux-ci expriment leur désaccord une fois la situation terminée, quand l’interlocuteur n’est plus présent. Ou en rompant la relation, par exemple en ne respectant pas les rendez-vous ou les engagements. Ou encore, en essayant de dominer l’autre par l’agressivité et la violence. Parfois, notre soutien dans ce type de situation peut nous amener à jouer le rôle de médiateur avec les autres professionnels/les impliqués.

La question de la place est aussi en lien avec la question de la reconnaissance: les expériences que beaucoup de consommateurs/trices de produits illégaux semblent avoir cumulé, sont caractérisées par la négation de la reconnaissance d’une valeur personnelle et de la place que cette valeur implique. Le travail sur la reconnaissance, qui commence déjà à l’accueil, vise à restaurer la capacité des personnes toxicomanes à se connecter à leurs ressentis. En effet, un des principaux résultats de la consommation est d’anesthésier les émotions et de donner un semblant de calme intérieur. Notre travail consiste à ramener la personne à son vécu, à ce qu’elle ressent dans une situation donnée.

Parfois, nous accompagnons un usager à établir un lien avec son histoire afin de mettre en lumière l’origine et la répétition de comportements qui sont caractérisés, très souvent, par la soumission.

Enfin, nous pouvons évoquer le travail sur la confrontation. Il s’agit peut-être de la partie la plus exigeante du travail de Zone Bleue car elle nous demande de nous confronter avec certains des comportements des usagers comme poser des limites, contenir et/ou arrêter de la violence. Confronter une personne à ses actes ou à son manque d’actes peut être difficile. Mais aussi, elle interroge nos dynamiques personnelles. C’est la partie «devoir-contrôle» du cadre qui nous renvoie aussi à nos propres comportements: le fait de ne pas arriver à poser une limite par peur d’un usager, ou par peur de blesser quelqu’un avec une remarque ou un oubli.
 
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